Chronique sans nom

13 novembre 

J'aime bien les vendredis 13 parce que ça a une certaine symbolique magique ou maléfique. 
D'ailleurs j'aimerais bien savoir d'où ça vient. 
Les cours se sont terminés deux heures plus tôt et en plus, ils ont été plutôt rapides même si je n'ai rien fait de particulier. 
En tout cas c'est le weekend ! De quoi être heureux. 

23:20, de quoi être heureux ? C'était sur les mots sur lesquels j'allais me laisser pour ce 13 novembre mais non. 
21h30 environ, explosions au stade, fusillades dans le X et XIeme arrondissements de Paris. Comment vous expliquez à quel point je suis révoltée ? 
Tout d'abord, il y a le fait que ça soit à Paris. Je suis née à Paris, j'ai grandi à Paris, je vis à Paris. 
Je dois avouer que si c'était en banlieue, je serais outrée mais moins. Mais là... 
Ça me rappelle Charlie Hebdo. Ça me rappelle que la veille, le mardi 6 janvier, j'étais à ma Journée d'Appel et on m'a dit, je cite " La France ne sera jamais attaquée. ". 
Le lendemain, mercredi matin, Charlie Hebdo. La vie scolaire nous l'annonce l'apres-midi et nous encourage à rentrer chez nous au plus vite. Les deux autres jours, la Prise d'otage à Vincennes en bordure XXeme arrondissement. 
Charlie Hebdo m'a touché parce que ça s'est passé à Paris, mais surtout parce que c'était des dessinateurs. Je suis dans une école d'art, certains de ces artistes ont étudié dans le même lycée que moi. C'est fou. Mais le pire, c'est qu'ils ont été tués pour leurs idées. Ça s'appelle de l'HUMOUR bande de cons. Personnellement, les dessins me faisaient rire, mais après le texte ou le contexte, j'y comprenais pas du tout. Mais je respectais leurs talents. Mais ils ont été tués pour leurs idées. Leur seule arme, c'était un crayon, un stylo, qu'importe. Est-ce que vous vous rendez compte ? Ils les ont tués parce qu'ils dessinaient quelque chose qui ne peut pas plaire à tout le monde. Et ça, tout le monde est d'accord pour accepter qu'on ne peut pas tous aimer. C'est impossible. 
Mais le simple fait d'imaginer mon avenir. Parce que je dessine, on me tue... Sérieusement ?! 
Quant à cette prise d'otage, qui a pensé à ce nouveau né ? Qui a pensé aux deux lycées en face du magasin où des élèves devaient rester dans leurs classes ? À certains amis qui habitent dans ces quartiers, près de ces cibles ? 
Je sais que je défends une certaine partie, que tout le monde ne défend pas ce que je dis. Mais c'est ça. C'est le fait que nous soyons pas tous d'accords, que nous sommes divers. Que nous avons une liberté d'expression et une liberté d'opinions. 
Ils me manquent beaucoup de détails mais c'est un peu comme ça que je l'ai vécu.  Ou plutôt c'est comme ça que je l'ai vécu. Paris dépourvu. Paris comme une fleche qui a traversé le coeur. Et ça remue. Et c'est ce que je vis là. 
Ces trois explosions où les bombes étaient remplies de gaz et de putains de CLOUS, pour tuer le plus de personnes, on en parle ?! On en parle ?! Comment vous pouvez être humain et ne pas respecter vos frères et soeurs ? Parce que ce sont vos frères et vos soeurs ! ... Non. Vous avez raison. Vous n'appartenez pas à notre espece. Vous appartenez à une autre espece. Une espece dépourvue de sentiments, d'humanité. Surtout d'humanité. Parce que ca doit vous plaire de faire ca. Tuer des personnes... Et vous voulez tuer le plus de personnes ?! Mon dieu ! Oh mon dieu ! Vous ne réussirez jamais à nous tuer tous parce que vous êtes trop faibles. Nous sommes forts, et on ne posera pas même un genou devant vous. 
Et puis surtout ces trois fusillades. Qu'est-ce que ces gens vous ont fait ? Qu'ont-ils faits pour que vous les punissez de vivre ?! de faire que quelqu'un soit heureux grâce à lui ou d'autres ? Et sa famille, vous vous en foutez hein ? N'est-ce pas ?! Bande de cons. 
Et cette fois-ci, ça me touche beaucoup parce que ça se trouve 10/20mins de chez moi, 30mins à pieds, et qu'une partie appartienne à mon quartier. 
J'ai l'impression de revivre Charlie Hebdo. Le sentiment de révolte. Le sentiment de ne pas être en lieu sûr alors que Paris... C'est une ville protégée, surtout avec Vigipirate. Ils recrutent, ils doivent tout le temps hésiter à mettre plus de postes dans un coin qu'un autre. Au fond, comment ils peuvent anticiper un attentat ? Ils font du mieux qu'ils peuvent et on doit les remercier de mettre en danger leurs vies pour protéger les notres. 
Mais plus c'est proche de chez soi, moins on est confiant... 
Sommes-nous en sécurité ? 
Sommes-nous réellement en sécurité ?! 
Où nous le sommes ? 
Allons pouvoir éviter ou sommes-nous déjà dans cette Troisieme Guerre mondiale ?! 




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